Le féminisme en Amérique du Sud "Ni una mujer menos, Ni una muerta más"
Le féminisme en Amérique du Sud : influence et renouvellement des luttes, des recos caliente, les petites actus du moi et enfin : vous aussi, rejoignez en chanson la lutte puissante des femmes !
C’est quoi le programme ?
Luttes féministes en Amérique du Sud
Nos recos
Les actus pas mascu
Finir en musique
Luttes féministes en Amérique du Sud
Depuis plusieurs années, l’Amérique latine s’affiche comme le nouveau laboratoire des luttes féministes.
Du mouvement transnational #NiUnaMenos, relayé pour protester contre les violences sexistes et sexuelles aux foulards verts, symboles d’une lutte pour les droits reproductifs… la quatrième vague féministe a émergé en Amérique latine.
Le néologisme « féminicide » né au Mexique dans les années 90, à Ciudad Juarez. Marcela Lagarde, anthropologue mexicaine, emploie au départ ce terme dans une région où, chaque jour, de plus en plus de femmes sont découvertes assassinées. Le terme « féminicide », définissant le meurtre d’une femme en raison de son sexe, se popularise alors et est depuis largement repris par les médias et les associations féministes, s’exportant à l’international comme un terme légal de référence. En France, le mot n’entre dans le dictionnaire qu’en 2015.
C’est aussi en 2015 que le mouvement ”Ni Una Menos" fait son apparition. En Argentine, suite au viol et à l'assassinat de deux jeunes filles, une marée humaine de près de 300 000 personnes envahit les rues pour protester contre les crimes machistes qui rongent le pays. Bien que la majorité des victimes soient tuées par des hommes de leur cercle proche, les féminicides résultent d'une violence enracinée dans le tissu social et culturel, souvent légitimée par les discours publics et médiatiques. Après la marche, le Conseil National des Femmes qui reçoit les signalements de violences de genre passe de 1 500 appels par jour à 13 700.
Le mouvement réactive une internationale féministe dont l'influence se propage en Europe et aux États-Unis. En Argentine, une "marée verte” suit cette mobilisation, pour le droit à l'avortement cette fois-ci, aboutissant à sa légalisation le 30 décembre 2020. Les foulards verts — emblèmes du militantisme pro-choix en Argentine et dans le reste du sous-continent, où l'avortement reste largement criminalisé — font leur déferlante dans le monde entier.
La grève générale féministe au Chili, le 8 mars 2020, journée internationale des droits des femmes influence également les féministes dans le monde entier. Près de 2 millions de personnes défilent dans les rues des grandes villes chiliennes. des manifestations qui rassemblent des femmes de tous horizons : étudiantes, habitantes des quartiers populaires, femmes autochtones Mapuches, afro-chiliennes, toutes unies dans leur combat pour l'égalité et la justice. Leurs revendications sont nombreuses. Elles s’étendent de la lutte contre les violences de genre à la dénonciation des discriminations envers les personnes LGBTQI+, en passant par la revendication pour l’avortement libre et l'égalité salariale.
Le féminisme sud-américain a produit des analyses novatrices dans un cadre plus collectif et militant qu’en Europe. On pense, en particulier, à la critique radicale des institutions internationales et du néocolonialisme, du néolibéralisme et du modèle patriarcal-occidental-raciste. Une critique menée aussi bien par des féministes autonomes que par des militantes des mouvements paysans, des militantes contre la globalisation et des féministes afro et indigènes.
Nos recos
On commence toujours cette rubrique par une reco de notre cru.
Nous avons la chance d’avoir sur la plateforme plusieurs documentaires et fictions de réalisatrices d’Amérique du Sud, disponibles pour 3 mois. Des oeuvres qui abordent la place de la femme dans les société patriarcales, la lutte contre les violences au travail, l’inceste, la transidentité et la réappropriation de nos corps.
Si tu es déjà abonné.e, profite en !! Si tu as moins de 26 ans ou es en situation de précarité notre abonnement est à 6 euros 90 par mois.
Voici plein d’autres formats sur le sujets, tout aussi intéressants :
Les jeunes mortes - Selva Almada (livre, 17 euros)
Murgueres, les voix du féminisme en Amérique latine (podcast)
Argentine : la révolte des femmes (Documentaire - Arte)
WE MADE IT (série podcast - Amnesty International)
Pensée féministe décoloniale : panorama du féminisme décolonial d'Amérique latine (livre, 20 euros)
La puissance Féministe ou le désir de tout changer - Véronica Gago (Livre, 17 euros)
Les peintures et illustrations d’Ana Leovy (Artiste mexicaine)
Tu en as d’autres à partager ? Rajoute les en commentaires 🤩
Les actus pas mascu
🩸 À partir du 1er avril 2024, les emballages de tampons, de serviettes ou encore des coupes menstruelles indiqueront leur composition. De quoi il s’agit ? Chaque année 2,8 milliards de produits sont vendus sans description à des femmes qui peuvent développer des effets indésirables allant jusqu’au STC (choc toxique menstruel). Les fabricants seront dans l’obligation de mentionner la liste des composants ainsi que les "modalités et précautions d’utilisation”.
😳 Emmanuel Macron serait prêt à inscrire le consentement dans le droit français. Le consentement est un sujet complexe dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles. La notion de consentement a été discuté au niveau de l’Union Européenne est la France faisait partie des pays qui ne souhaitait pas uniformiser la définition. Certaines féministes s’opposent à ce type de changement car il ne serait pas si aidant pour les victimes, d’autres considèrent que changer la charge de la preuve pourrait aider à lutter contre l’impunité des viols.
🎬 Il reste encore demain, à l’affiche des cinémas français dès demain. Le film qui a déplacé plus de 5 millions de spectateur.ices dans son pays d’origine, traite de la violence patriarcale dans une Italie post-guerre. Il sort dans un contexte particulièrement tendu en terme de violence misogyne. Le gouvernement italien a récemment diminué de 70 % le financement de la prévention consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes. Deux semaines après la sortie du film ,une étudiante a été tuée de plusieurs coups de couteau par son ex-petit ami.
🖕Réponse en règle à l’influenceur mascu Alex Hitchens. Le petit coquin s’était permis de donner un avis non sollicité « Je le dis souvent, une femme, après 22 heures, qu’est-ce qu’elle fout dehors ? ». Pour lui répondre les femmes se filment la nuit en train de faire la fête, de danser et de chanter. Toi aussi, improvise une petite danse à midnight, où que tu sois ! 💪
Notre chanson de fin
Traduction française :
Que tremblent l’État, le ciel et les rues
Que tremblent les policiers et les juges
Aujourd’hui, les femmes, nous avons perdu patience
Vous semez la peur, elle nous donne des ailes
À chaque minute de chaque semaine
Vous nous enlevez nos amies, vous tuez nos sœurs
Vous détruisez leurs corps, vous les supprimez
N’oubliez pas leurs noms, s’il vous plaît, crions-les haut et fort
Pour nos camarades qui militent en spectacle
Pour celles qui luttent les yeux pleins de lacrymo,
Pour la marée verte qui emporte tout sur son passage,
Pour nos mères qui s’insurgent sur les places
Nous chantons sans crainte, nous demandons justice
Nous crions pour chaque fille disparue
Nous crions : "nous voulons rester en vie !"
Pour qu’enfin cesse le féminicide
Je jure de tout brûler et de tout démolir
Si un jour un homme éteint tes yeux
Plus personne ne me taira, ça suffit
Qu’ils en touchent une, nous répondrons toutes
Je suis Houria, je suis Cassandre, je suis Antonia
Je suis Heidi, je suis Lucia et je suis Vanessa
Je suis la fille que tu as prise de force
Je suis la mère qui désormais pleure ses mortes
Et je suis celle qui te fera payer tes crimes
Justice, justice, justice !
Pour nos camarades qui répondent à l’appel
Pour toutes les afro-andines, migrantes et cholas
Pour l’associée des quartiers à la marge
Pour les dissidences trans et non-binaires
Nous chantons sans crainte, nous demandons justice
Nous crions pour chaque fille disparue
Nous crions : "nous voulons rester en vie !"
Pour qu’enfin cesse le féminicide
Que tremble en ses centres la terre
Au rugissement sororal de l’amour !